Pull en laine douxSurface d'un tissu en laine tricoté à la main Source : AliceCam, Main touchant un tissu en laine tricoté ou un pull chaud et moelleux. 

L’origine du tricot ?

On ne sait pas réellement d’où provient l’origine du tricot, bien que sa technique de confection soit en réalité une technique qui a plusieurs millénaires, certains témoignages de son utilisation sont tout de même parvenus jusqu’à nous. Comme par exemple, des petits chaussons découverts dans une tombe égyptienne,  ou encore, au Pérou ou des tissus précolombiens nous informent que les premières boucles auraient été faites grâce à une aiguille à coudre. 
Si ses origines restent encore floues, aujourd’hui le tricot fait partie de notre quotidien, et il est utilisé pour toute sorte de vêtements : pull-over, chaussettes, top, et même pantalon. L’étymologie de ce mot reste anecdotique, mais pour autant amusante : « Tricoter » au 15e siècle désignait le fait de battre quelqu’un à coups de bâton, ce dernier étant appelé « triquot ». Mais c’est à la fin du siècle suivant que le mot « tricoter » apparaît, et désigne ce que l’on connaît encore aujourd’hui : réaliser des mailles avec les des aiguilles.



Et l’origine du pull ?

C’est à partir du 15e siècle que les témoignages deviennent de plus en plus importants, notamment grâce à l’ordonnance des Bannières de Louis XI qui reconnaissait la corporation des bonnetiers parmi les six corps de métiers de Paris. Aujourd’hui, si « tricot » désigne l’action, il désigne également le vêtement, aussi appelé « pull ». 
Ce dernier, avant d’être nommée plus couramment « pull-over », portait le nom de « Chandail ». Importé par nos amis Bretons au 18eme  siècle, il désignait les vêtements en maille des marchands d’ail qui leur permettaient de rester au chaud lors de leurs dures journées sur les marchés. Plus tard, on retrouvera ce célèbre vêtement sur le dos des marins, avec cependant, des mailles plus resserrées pour le rendre imperméable et plus adapté aux conditions extrêmes à bord des bateaux. Selon les légendes, les fameuses rayures de ce vêtement auraient été inventées par un ingénieur marin dans l’unique but de rendre ses co-équipiers plus visibles dans l’océan en cas de chutes.
Le terme de « bonneterie » désignait jusqu’à récemment encore toutes les activités de transformation du fil en tricot. Aujourd’hui, ce terme a été remplacé par « l’industrie de la maille ».


Toison du mouton Toison vierge du mouton Source : Ngela, laine de mouton race corriedale

Alors, comment est-il fabriqué ?

De la laine pure à la filature :

Après avoir tondu les moutons, (retrouver notre article : La laine, mode d’emploi) on commence dans un premier temps par trier la laine. C’est une étape bien souvent négligée par les gros industriels, mais qui reste pour autant indispensable. Elle influencera sa qualité, mais aussi son prix. On retire donc toutes les toisons jugées trop pailleuses, jaunies, feutrée... Et on procède au tri par couleurs, races et catégories, avant que la laine ne rejoigne un batteur qui la débarrassera de ses dernières impuretés.
À la suite de cela, on procède à un lavage afin de la débarrasser des salissures accumulées par l’animal. Durant cette étape indispensable, la laine perd entre 35 et 65 % de son poids. 

C’est également lors du lavage que peuvent être réalisé différents traitements : antimites, anti-feu, blanchiment, ou encore anti-feutrage (le plus pratique) qui nous permet par la suite de laver notre pull en machine à 40 ou 60°.

Laine cardé à la mainEtape de fabrication de la laine source : Luca Lorenzelli, Cardage à la main de la laine

Une fois notre laine parfaitement propre et sèche, on carde la laine. Le mot vient de « chardons », anciennement l’opération se faisait à la main à l’aide des piquants de la plante. Aujourd’hui, il s’effectue avec une paire de cardes à la main, ou avec des cardeuses à rouleaux ou tambours. Il s’agit de démêler et de séparer les fibres de laine. Cette étape étire la laine et mets relativement toutes les fibres dans le même sens, tout en débarrassant les dernières impuretés qui n’ont pas pu être éliminées lors du lavage. Finalement, on obtient une nappe de laine plus ou moins épaisse qui pourra être utilisé telle qu’elle lors du filage, ou bien pour rembourrer différents types de produits.
Elle s’accompagne également du peignage, qui fait passer la laine dans des peignes de plus en plus fins. Ce qui va parfaire et complété le cardage. En éliminant les fibres les plus courtes, et en ne conservant que les fibres de laine de même longueur, elle les parallélise parfaitement, ce qui donne un fil plus lisse, régulier et solide, et donc, à la fin un vêtement tout doux qui ne gratte pas !

Rouet pour filer la laineFillage de la laine à l'aide d'un rouet  Source : PhotoSG, Spinnrad

Une fois obtenue, la nappe cardée ou le ruban peigné va être étiré et tordu de façon à créer le fil. La torsion en plus de créer un fil continu et régulier, définira sa résistance. C’est donc à cette étape que va se définir tout le confort de votre vêtement. Si la torsion n’est pas réalisée correctement et avec des fibres assez longues, les fibres trop courtes sortiront du fil, et c’est ce qui créera la sensation de démangeaisons au contact de la peau. Pour de petites quantités, cette étape peut être faite à l’aide d’un rouet ou d’un fuseau, mais de manière industrielle, elle est réalisée dans des filatures. Son épaisseur, la torsion du fil, sa régularité, et son gonflant définiront la qualité du fil, mais seront influencées par la laine utilisée.

 Teinture artisanale de la laineTeinture artisanale de la laine  Source : Thomas Dutour, teinture de la laine traditionelle

 Puis, vient l’étape de la teinture. Elle est nécessaire lorsque l’on souhaite obtenir une couleur qui n’existe pas naturellement. On va modifier cette couleur par l’absorption d’un colorant. Elle peut être réaliser à différentes étapes de sa transformation : après le lavage ou le rouage, une fois tricotée, tissée, feutrée…On peut teindre la laine avec différentes techniques. Dans l’industrie, elle est teinte à l’aide de colorants synthétique.


Comment est tricoté un pull en laine ?

Le tricotage, c’est une technique très utilisée pour fabriquer des vêtements à partir d’un même fil, en entrelaçant des boucles appelées maille. Il peut être réalisé sans instruments, mais de manière générale lorsqu’il est produit artisanalement, c’est avec des aiguilles à tricoter existantes dans différentes tailles que l’on procède. On choisit la taille de nos aiguilles selon le type de mailles que l’on veut, mais aussi selon le type de fibre utilisé.

Dans l’industrie, le tricotage est réalisé avec des machines automatiques. On commence comme pour tout autre vêtement, par imaginer notre pull. On choisit sa forme, sa couleur, les matières premières, mais aussi le type de points de tricot utilisé. Le choix du type de point est essentiel lors du design d’un vêtement en tricot, il détermine son aspect final, mais peut aussi jouer sur ses propriétés. En effet un vêtement avec des mailles plus serrées retiendra mieux la chaleur et sera plus imperméable, contrairement à des mailles larges laissant plus facilement l’air passer. 

Une fois le design du pull choisi, on réalise un patron spécifique à l’industrie de la laine : fait à l’aide d’un logiciel informatique regroupant toutes les informations nécessaires à sa fabrication. L’ordinateur va envoyer les informations à la machine à tricoter. Possédant la même configuration qu’une machine manuelle, le chariot, cette fois automatique, va amener le fil de droite à gauche en le faisant descendre dans les aiguilles. Le programme va lui se charger de guider les aiguilles. Finalement, c’est un peu comme une imprimante 3D.
Certaines fois, on tricote en « fully-fashion » ou en « diminution » avec le terme français : on tricote directement en forme, à la bonne dimension de façon à ne pas perdre de la laine. La forme de la pièce est entièrement dessinée du premier coup, il ne restera alors plus qu’à l’assembler telle quelle.

Mais avant l’assemblage final, il reste deux étapes importantes à la confection d’un pull de bonne qualité : le lavage et le foulonnage. Chaque pièce tricotée du futur vêtement est passée dans une machine à laver comprenant plusieurs programmes spécifiques pour chaque type de fibre. Cette étape va permettre à la laine de se rentrer sur elle-même et de resserrer ses écailles. Puis, vient le foulonnage qui se réalise dans l’équivalent d’un sèche-linge, cela permet de gonfler la laine, la rendre plus douce, mais aussi de fixer la matière.
Après cela on peut enfin assembler entièrement notre pull en laine !

Garde robe d'hiver, pulls chaudPulls douillets d'automne et d'hiver Source : Zaikina, Pulls en tircot pastel chaud suspendus dans le placard.

D’autres types d’étoffes ?

La laine a pour avantage de pouvoir être travaillé de différentes manières. Selon les techniques utilisées, différents avantages lui sont accordés.

Le feutrage est une technique ancestrale, apparue avant l’invention du tissage ou du tricot. : Facile à réaliser elle permet d’obtenir une étoffe non tissé grâce à différentes actions mécaniques ou chimiques. Entremêlant les fibres à tel point qu’il est impossible par la suite de les démêler. La fibre de la laine comporte la même structure que nos cheveux, elle est composée d’écailles, et cette structure favorise l’accrochage des fibres entre elles, c’est ce qui explique sa facilité à feutré. Si nous avons tous déjà fait l’expérience désagréable de retrouver son pull en laine en taille réduite à la sortie de notre machine à laver (d’ailleurs, pour que cela ne vous arrive plus jamais, on a écrit un article : La laine mode d'emploi.) le feutrage de la laine comporte en réalité de nombreux avantages. Une laine feutrée est un excellent isolant thermique, et peut absorber jusqu’à 30 % de son poids en eau tout en paraissant sèche, ce qui est 100 à 150 fois supérieures à celui du polyester. Le feutre se forme à la suite d’une action mécanique telle qu’un frottement, ou à l’aide d’aiguilles qui viendra emmêler les fibres entres elles ou grâce à une action chimique comme un lavage à l’eau chaude et au savon de Marseille. 

Le feutrage reste principalement utilisé pour la confection de manteaux ou de chapeaux et bérets qui subissent par la suite des actions de mise en forme sur des modèles de forme

Métier à tisserTissage d'autrefois Source : Fottoo, vieux métier à tisser

Le tissage de la laine, qui est elle aussi une technique ancestrale, permet quant à elle l’obtention d’un tissu en entrecroisant des fils verticaux appelés fils de chaîne (tendus de façon verticale) et des fils horizontaux appelé fils de trame (qui eux seront tendus et entrecroiser avec les films de chaîne de façon verticale). Elle est réalisée à l’aide d’un métier à tisser. Artisanalement, le travail du métier est réalisé à la main. Industriellement, ce dernier est automatisé, et permet un plus grand rendement, bien que la technique reste pour autant la même.


Différentes combinaisons d’entrecroisement de fils sont possibles et portent le nom "d’armures". Il en existe un grand nombre permettant différents aspects et rendus. Le tissage de la laine possède de nombreux avantages la rendant moins fragile, plus isolante que le tricot grâce à ses fils plus serrer, elle permet également une meilleure imperméabilité. Une laine tissée se présente donc comme tout autre textile tissé. Elle est principalement utilisée pour le linge de maison comme les tapis, moquettes et couverture, mais aussi pour des articles de passementerie comme des galons, ou bien encore pour de la rubanerie. Dans l’industrie du textile, elle est utilisée pour confectionner des écharpes, étoles, de la draperie grâce à des laines dîtes « peignées ». 


On peut aussi noter que le tweed est également issu du procédé de la laine tissé. Son nom vient de tweel en Scots, qui signifie « sergé » en français, dû au nom du type d’armure utilisé. Si le tweed est une matière qui s’est grandement ennoblie au cours de ces derniers siècles, il est initialement porté par les paysans anglais et écossais grâce à ses propriétés isolantes et étanches. Ensuite revêtu par les gentlemens lors de leurs week-ends à la campagne, il sera peut aperçu en ville jusque dans les années 1950. C’est réellement Coco Chanel qui popularisera le tweed, après s’être éprise des vestes de costume de son amant, le Duc de Westminster. Grâce à sa résistance et ses couleurs uniques, elle sera grandement inspirée par les rives de la rivière Tweed amoureuse des nuances de la frontière Anglo-écossaise. Et décidera même de fabriquer  par la suite ses propres tweeds en France, réimaginant les matériaux en et en y ajoutant des soies, cotons... Elle avait pour but de les rendre plus légers, plus brillants, plus luxueux et surtout plus « couture ».

Romy Scheinder et Coco Chanel en 1960Romy Schneider et Coco Chanel en 1960Botti Stills Gamma

En résumé, la laine nous a accompagnés depuis la nuit des temps. Feutrée, tricoter, ou tisser elle s'est révélée être une alliée de taille face aux conditions climatiques, et notre meilleure amie quand il s'agit de style ! Malléable, elle se révèle tout de même complexe à travailler et entretenir. Comme nos techniques de fabrication, son aspect a lui aussi évolué au fil du temps, suivant les modes et nos besoins, et c'est pour cela qu'on l'aime tant.

Et voilà ! Désormais, vous êtes incollables sur la laine et ses secrets de fabrication, et si vous jetiez un œil au cuir de raison, cette alternative mode imparable ?


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